Lentilles
Il y a deux catégories de personnes dans le monde : ceux bénis des dieux qui ont une vue parfaite, et les autres. Vous devinez bien évidemment à quelle catégorie j'appartiens. Myope, astigmate et hypermétrope, rien que ça. Je suis donc condamnée à porter des lunettes.
C'est pas que j'aime pas ça, les lunettes. Non, ce qui me géne, c'est d'être absolument obligée de les porter chaque jour. Une fois de temps en temps, je dis pas, ça peut être joli, mais tous les jours, on en a rapidement fait le tour. Passons sur l'aspect esthétique, aujourd'hui il ya de très jolies montures, mais tout ceux qui ne portent pas de lunettes ne savent pas l'angoisse qu'est une journée pluvieuse. Trois gouttes sur les verres et patatras, on n'y voit plus rien. Et ce n'est qu'un exemple.
Bien sûr, il y a les lentilles. Bon, j'ai essayé une première fois il y a quatre ans et je me suis déchiré la cornée (ma poisse légendaire). J'ai retenté cette année, et... je ne les supporte toujours pas. Mon ophtalmo m'a alors orienté sur les lentilles rigides.
Pour ceux qui ne connaissent rien au sujet, les lentilles que la plupart des gens portent sont souples. Là, il s'agit de se mettre dans l'oeil un petit bout de plastique rigide. Mais vraiment rigide. Aujourd'hui, je suis donc allée à ma deuxième séance d'apprentissage pour les manipuler. Récit de cette aventure épique.
13h45 : je sors du métro, et je commence à me demander si j'ai vraiment envie d'y aller. Ma première séance m'a donné un aperçu assez atroce de ce qui m'attend : douleur atroce quand je la pose, impossibilité de les enlever toute seule, et larmoiements constants. Youpi.
13h46 : je suis une grande fille courageuse, je vais affronter cette épreuve la tête haute.
14h: j'arrive au labo. c'est une nouvelle opticienne qui s'occupe de moi, elle est très sympa. C'est parti, je pose la lentille droite.
14h01 : Aie, aie, aie. C'est parti, je pleure. J'ai l'horrible sensation d'avoir du papier de verre dans l'oeil. L'opticienne est contente, je les pose bien (tant qu'on a mal, c'est que la lentille est là où elle est censée se trouver). Je suis super fière.
14h03 : "Maintenant que votre oeil est habitué à la lentille, vous allez essayer de l'enlever".
14h03 : Je refuse, j'ai peur. L'opticienne me réexplique les gestes. En gros, il faut se tirer les paupières et cligner fort. Elle cligne, sa lentille tombe.
14h04 : Je cligne, je pleure. Ma lentille n'a pas bougé. Je réessaie une dizaine de fois.
14h15 : On essaie une autre méthode, où les paupières font levier. La lentille bouge, mais elle va sur le blanc de l'oeil. Je panique.
14h16 : "Il suffit de pousser la lentille avec la paupière, c'est très facile, elle va se remettre en place toute seule".
14h21 : ma lentille est toujours sur le blanc. Elle en a fait le tour complet, mais elle ne s'est jamais remise en place.
14h25 : Charitable, l'opticienne, m'enlève la lentille.
14h26 : je me mouche. Il y a un miroir sur la table, je me vois donc d'en dessous. Je n'avais jamais remarqué que mes narines étaient tellement asymétriques. Je me sens tout sauf glamour.
14h27 : L'opticienne veut que je remette la lentille. Elle me demande ensuite de l'enlever. Pas moyen. Je déprime.
15h : pas plus. Un enfant de 6 ans rentre, c'est sa première séance.
15h15 : il les met et les enlève tout seul. Au secours.
15h16 : une deuxième opticienne vient m'aider. Miracle, tous les mots qui sortent de sa bouche sont limpides. Je comprends beaucoup mieux la manoeuvre (ça ne vient donc pas tout à fait de moi).
15h20 : j'ai réussi à enlever ma lentille toute seule !
16h : J'ai le droit de repartir avec mes lentilles pour m'entrainer chez moi. J'ai l'impression d'avoir terrassé un monstre, je repars la tête haute !